Samedi 17 avril, alors que la majorité des avions de transport sont cloués au sol en raison de l’éruption du volcan islandais, une intense activité règne à l’aérodrome de Pontarlier. Un beau week-end se profile, et hormis les mouvements d’avions du club, il y a de nombreux avions visiteurs… dont l’un n’est pas des moindres, c’est un CR100, un avion de voltige « affrété » par le club, avec un instructeur. L’idée est simple : proposer une initiation à la voltige aux membres du club. Cette activité aurait déjà du avoir lieu l’automne dernier, mais les conditions météo n’avaient pas permise de réaliser les vols. Pour l’occasion, un NOTAM à été déposé :
LFFA-C1435/10 A) LFSP PONTARLIER B) 2010 Apr 16 11:18 C) 2010 Apr 19 16:00 D) 17 18 0700-1600, 19 1015-1120 1510-1600 E) ACTIVITE DE VOLTIGE TEMPORAIRE LIEU BANNANS RDL 265/3,2NM AD PONTARLIER PSN: 46 54 06N - 006 15 02E AXE: 060/240 RECTANGLE DE 2NM SUR 1NM CENTRE SUR PSN INFO: PONTARLIER A/A : 135,700MHZ BALE INFO : 135,850MHZ F) 3200FT AMSL G) 6900FT AMSL
Et l’instructeur qui nous emmènera nous retourner la crêpe n’est pas n’importe qui : il s’agit d’Olivier Masurel, champion du monde de voltige en 2007 et actuel membre de l’équipe de France. Je découvrirais notamment lors du vol un homme aux extraordinaires qualités humaines, toujours attentif à son passager, avec un niveau technique à couper le souffle ! Un petite biographie sympa se trouve sur ce blog.
L’avion, le Fox-Papa India Uniform Sierra (F-PIUS), est un CR100 équipé d’un moteur à injection de 180CV. C’est un avion de voltige biplace à train classique, très polyvalent (il peut en effet servir aussi bien à la formation qu’a la voltige de haut niveau) fabriqué par DynAéro, à Dijon.
17h, c’est à mon tour d’aller faire un tour la haut. Je ne cache pas qu’il y a une petite appréhension, mais elle est normale je pense. Pour moi, ce vol sur cet avion est l’occasion de me faire plaisir, mais aussi de consolider ma formation de jeune élève-pilote, en effectuant quelques exercices de sortie de vrille. Briefing avec Olivier, qui m’explique ce que nous allons faire, et notamment les différents types de vrille (vrille en glissade et vrille en dérapage) et la procédure de sortie de vrille (par ailleurs déjà connue – nous n’avons pas le droit de faire des exercices de sortie de vrille en Cessna 152 mais il faut connaître la procédure de sortie en cas ou le cas se présenterais involontairement).
Olivier m’aide à m’équiper du parachute (obligatoire en voltige), puis nous nous installons à bord du F-PIUS et nous nous brellons de façons à bien rester dans nos sièges pendant le vol 😉 .. Avant la mise en route, briefing sur la procédure d’évacuation de l’avion. Puis je met en route avec l’aide d’Olivier. Batterie sur On, mixture plein riche, la pompe pendant une seconde. Mixture sur plein pauvre, pieds sur les freins, il n’y a personne devant. J’actionne le démarreur, après quelque tours, le moteur démarre, je met plein riche et Olivier s’occupe des gaz. Procédure après mise en route, tout est bon. Olivier me propose de faire le roulage, je n’ai jamais fait rouler d’avions à trains classiques, j’essaye de m’appliquer. Pas facile, d’autant que la manette des gaz est d’une sensibilité inhabituelle, un déplacement de quelques mm et le moteur prend immédiatement de la puissance.
Au point d’arrêt, je procède aux essais moteurs. 1800 tr/min, je test les magnétos, c’est bon. Puis je passe directement à l’essai du ralenti, en effet, comme c’est un moteur à injection, il n’y a pas de réchauffe (c’est l’une des principales différences au niveau de la gestion du moteur par rapport au Cessna en fait).
Tous les paramètres sont bons, nous effectuons la check-list avant décollage, puis nous nous alignons sur la piste 20 en herbe, et c’est parti, Olivier lâche progressivement nos 180 CV qui ne tardent pas à nous arracher du sol !
En fin de montée initiale, Olivier me passe les commandes pour que je continue la montée, qui se fait à 150 km. Nous voulons monter à 7000 ft afin de mettre de l’eau sous la quille avant de commencer les évolutions. Pas facile de tenir cette bête, elle est très sensible aussi bien en roulis qu’en profondeur, et il faut mettre beaucoup de pieds pour garder la bille au milieu.
Nous quittons la fréquence de Pontarlier puis nous mettons sur la fréquence de Bâle Info pour signaler que nous débutons les évolutions sur l’axe temporaire de voltige. Nous sommes rapidement à 7000 ft et nous pouvons commencer à nous amuser. On commence par les vrilles. Plein réduit, on tire sur le manche, et on met du pied du coté du virage, on perd notre vitesse, et ça ne manque pas, l’avion part violemment sur l’aile du coté du virage. Après un tour de vrille, Olivier remet l’avion en ligne de vol, pour la mise en vrille en glissade. Il me demande à mon avis quelle est l’aile qui va décrocher. Je lui désigne l’aile extérieur au virage. Il me demande si je suis sur de ça, et me met le doute. Du coup, je ne sais pas de quel coté ça va décrocher. Même procédure, plein réduit, en virage, on tire sur le manche et on met du pied du coté opposé au virage. L’aile extérieur commence par descendre assez doucement… puis embarque soudainement et l’avion s’installe en vrille. Nouvelle procédure de sortie de vrille, j’avais raison, ça a bien décroché du coté extérieur ! Il me passe les commandes puis me demande de mettre en vrille l’avion puis d’en sortir. Je tire sur le manche tout en mettant du pied à l’intérieur. Comme prévu, l’avion décroche du coté du virage. Pour bien faire, je doit mettre le manche au neutre (voir dans la vrille), puis mettre du pieds contraire pour arrêter la rotation, et une fois la rotation arrêtée, faire une ressource souple pour remettre l’avion en ligne de vol. Plus facile à dire qu’a faire… en fait, comme beaucoup, j’ai tendance à mettre du manche du mauvais coté… avec un peu d’aide d’Olivier, je sort de la vrille, mais ma ressource de sortie de vrille sera assez brutale ;-). C’est compris dans le principe. Olivier me propose de faire les figure du premier cycle de voltige : boucles, tonneaux, immelmann, renversement, déclenché, rétablissement…
Il me propose que nous fassions tous les deux une boucle (ou looping). On met plein gaz, et on tire sur le manche. Quand on perd l’horizon devant, on passe sur le triangle en bout d’aile pour prendre repère pour l’horizon latéral, puis une fois à mi boucle, on regarde derrière pour reprendre un horizon et on réduit les gaz. Rapidement, nous voila face au sol, on continue à tirer pour faire une petite ressource et repasser en vol à plat ! Magique !
Comme j’aime ça et que je supporte bien, Olivier me propose « d’accélérer un peu ». Nous passons donc a quelques figures avec des facteurs de charge négatifs mais aussi des déclenchés un peu plus rapide (en fait, on est allé aussi vite que pouvais le faire l’avion !), à droite et à gauche (Olivier dit les réussir moins bien à droite qu’à gauche… mais c’est tout de même rudement bien géré et réussit à mon goût !).
J’ai également adoré le renversement : on part plein gaz pour mettre l’avion à la verticale, puis la vitesse descend pour atteindre une vitesse nulle, on finit par retomber, et on termine sur un piquée pour reprendre de la vitesse, sensations garantes !
On ne se prive pas pour faire quelque évolutions en vol dos… ça vol aussi bien sur le dos que sur le ventre un CR100 😉 ! Et comme j’en demande encore et encore, on continue ! On continue à prendre quelques g, en positif comme en négatif, c’est vraiment super comme sensations. J’en redemande encore et encore, et c’est tellement c’est extra !
Bâle Info vient nous interrompre pour nous demander si on est toujours en évolution… ça doit faire 25 minutes que nous évoluons, c’est affirmatif, et moi j’ai encore envie de continuer ! On continue donc encore un peu plus fort… les sensations sont vraiment super, prendre des accélérations comme ça. On à parfois vraiment l’impression que l’avion pivote sur place !
Finalement, je ne saurais pas dire quelle est ma figure préférée, toutes ces sensations sont tellement bonnes, on ne voudrait que cela ne s’arrête jamais ! Nous devons tout de même bien finir par décider à rentrer. Après quelques évolutions supplémentaires, nous remettons le cap sur le terrain. En finale sur la piste en herbe, atterrissage en douceur. Nous regagnons le parking.
J’aurais fait mes 42 premières minutes de voltige, 42 minutes pleines de sensations, 42 minutes vraiment extra, il va falloir remettre ça 😉 ! Descente de l’avion, c’est fou comme on se sent léger lorsque l’on retrouve le plancher le vache et une pesanteur égale à 1 !
Merci à Olivier de m’avoir fait découvrir ta passion ! Je remonte quand tu veux avec toi, j’espère que l’occasion se représentera !
J’avais pris avec moi mon petit Data Logger… et en voltige, ça donne ça 😉 (comment ça on à fait des nœuds ?!) :
Cliquez ici pour télécharger la trace et la visualiser dans Google Earth.
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